La Guinée est divisée en 4 régions, chacune étant peuplée (et plus ou moins dirigée) par un groupe ethnique majoritaire : Soussou en Basse-Guinée, Malinké en Haute-Guinée, Forestier (appellation générique qui regroupe de nombreuses ethnies) en Guinée forestière et Peulh en Moyenne-Guinée, appelée aussi Fouta-Djalon.
Le Fouta est réputé : le climat y est assez tempéré et les paysages verdoyants, ce qui vaut à la Guinée le surnom de « château d’eau d’Afrique de l’Ouest ». On y respire bien mieux qu’à Conakry où il fait toujours très chaud, jour et nuit. À Mamou, il y a une grande amplitude thermique entre le jour et la nuit : au plus chaud de la journée il fait dans les 30°C alors que le matin la température doit être autour de 15°C. « Oh bah ça va ! » me direz-vous, vous qui traversez des épisodes neigeux et devez gratter le pare-brise de votre voiture ou mettre une 2ème paire de collants avant de sortir ! Oui, ça va mais quand même, quand tu sais que tu vas avoir très chaud dans la journée, tu t’habilles plutôt en sandales/robe alors le matin, il fait frisquet, surtout sur le scooter…
La région a un glorieux passé, que nous avions découvert en 2018 en lisant le Roi de Kahel, de Tierno Monénembo (qui originaire de Mamou !). Le Fouta-Djalon a été un puissant état théocratique, très organisé et hiérarchisé. Traditionnellement, les Peulhs (ou Fulbe) étaient des éleveurs de vaches nomades mais aujourd’hui ils se sont beaucoup sédentarisés et exercent tous les métiers qui existent en ville.
La culture peule est riche et revendique une identité forte, et sa langue, le pular (prononcez « poular ») nous permet d’en comprendre certains aspects.
Par exemple, le même mot désigne la mère et la tante maternelle : neene. Par contre, les mots sont différents pour désigner son oncle paternel et son oncle maternel. Et « biddo » veut dire à la fois enfant, neveu, fils, fille… Il est d’ailleurs assez difficile de s’y retrouver dans les liens de parenté !
Côté nourriture, ñiiri signifie riz cuit et nourriture se dit… ñiiri !! On comprend mieux pourquoi il y en a à chaque repas ! Et il y a d’autres mots pour parler du riz : luttundi pour un reste de riz, maaro pour le riz sec… On devine aussi les aliments importés récemment dont les noms ressemblent à ceux d’autres langues : tamaati, salaadi, pompiteeri (prononcez-le, vous devriez comprendre !).
Pour la grammaire, c’est très complexe ! Il y a plus de pronoms qu’en français avec différents vouvoiements et deux manières de dire « nous », selon qu’on inclue ou non la personne à qui on s’adresse. Les mots varient aussi en fonction de la personne à qui l’on parle, si elle est une femme ou un homme, jeune ou vieille… Cela nous montre à quel point la hiérarchie et le protocole ont leur importance dans les relations entre les gens !
Pour finir, le plus étonnant pour moi qui suis incapable d’apprendre une langue (ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs !) sans passer par l’écriture ou la lecture, ici la majorité des gens ne savent pas écrire le pular. Les langues régionales ont été enseignées à l’école jusqu’en 1984, la fin du règne du dictateur Sékou Touré. Depuis lors, l’enseignement est dispensé dans une langue commune dans toutes les régions de Guinée : le français. On se rend d’ailleurs compte que de nombreuses personnes n’ont pas été scolarisées puisqu’il n’y pas tellement de personnes avec qui on peut discuter en français.
Au-delà de nos découvertes du quotidien, nos lectures nous aident à y voir plus clair, notamment la sociologue peule Yassine Kervella-Mansaré, l’écrivain peul Amadou Hampâté Bâ ou le chercheur en Sciences politiques guinéen Oumar Diakhaby. À bon·ne entendeur·e !
Consultez l’album photo ici : https://zzz.zaclys.com/Premiers-pas-en-Guinee,a75,89410
Retrouvez les vidéos ici : https://peertube.iriseden.eu/video-channels/chroniques_du_foutadjalon/videos
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