Vous vous en doutez, notre quotidien est semé de différences. On ne comprend pas toujours ce qui nous arrive mais on ouvre grands nos yeux !
Le repas est généralement pris en commun dans un grand plateau, c’était comme ça le midi avec nos collègues, jusqu’au retour du virus Ebola qui nous a fait suspendre la pratique. Chacun·e a sa cuillère à soupe et mange de son côté du plat, ce qui fait qu’à la fin, le riz qui reste forme une espèce d’étoile, chaque branche étant la barrière qui sépare ton coin de bouffe de celui de ton voisin. A priori on ne mange que de la main droite, on n’est pas trop censé utiliser la main gauche qui est considérée comme impure. Donc pas évident de découper un morceau de manioc ou d’igname à une seule main avec une cuillère mais quand tu te débats avec ton morceau, un voisin d’assiette t’aide en tenant le bout de légume avec sa propre cuillère !
Pendant les 1ères années de sa vie, c’est la mère qui s’occupe de l’enfant… Je vous entends penser « Pas si différent de la France » ! En fait ici, l’égalité entre les deux parents ne semble pas du tout un but ou un idéal à atteindre, les choses sont telles qu’elles sont. L’enfant passe ses journées avec sa mère dans toutes ses activités. Par exemple au centre, la formatrice en couture a un enfant d’un an. Eh bien le petit Thierno Boubacar assiste à tous les cours de couture, généralement installé dans son dos ! Ses pleurs ou ses rires, selon l’humeur, résonnent donc dans les couloirs du Centre.
Côté livraison, on fait marcher les taxis ! Il existe un service postal en Guinée mais personne ne l’utilise. De toute façon, le système d’adresse ici rendrait le travail du facteur très compliqué !! Pour vous donner une idée, voilà l’adresse qui se trouve sur la carte de visite du directeur de la banque Société Générale de Guinée : « Route Commerciale, près de la mairie ». Donc lorsqu’on veut se faire poster un papier administratif, on le confie à un taxi. On a reçu comme ça les diplômes des anciens élèves, qui ont été produits au Ministère à Conakry. De la même manière, sur les marchés on ne trouve que ce qui est produit non loin de Mamou. À Kindia à 4h de route, on trouve des ananas mais pour en avoir, il faut demander à quelqu’un qui fait la route d’en ramener.
Sur la route, le klaxon est rarement signe d’énervement. Le chauffeur d’un camion peut l’utiliser pour dire « vas-y double-moi, y’a personne devant », ce que tu remercies par un coup de klaxon ! On l’utilise aussi pour dire « Attention je te double » ou encore sur une ligne droite pour dire « Eh, tu m’as vu ? » à quelqu’un qui arriverait d’une route à droite ou à gauche !
Je finirai par les notions d’espace personnel et d’intimité, une des choses les plus difficiles à prendre avec philosophie pour nous ! Les gens ici passent énormément de temps à s’appeler, les textos et les mails ne sont quasi-pas utilisés même dans le cadre professionnel. Le système de boîte vocale n’est pas répandu n’ont plus, donc on s’appelle. Mais c’est-à-dire qu’on s’appelle jusqu’à ce que la personne décroche. Donc il n’est pas rare d’avoir 8 appels en absence à la suite de la même personne, peu importe la raison pour laquelle tu n’as pas décroché… De même, il est courant que des personnes viennent chez nous à l’improviste le week-end : des enfants du quartier, des parent·es d’élèves ou parfois des gens qui savent que c’est la maison des « Fote » du Centre Konkouré et qui demandent de l’aide pour une opération de santé. Mais ici, on entre librement dans la cour, donc ces personnes s’installent sur notre terrasse, avant même qu’on ait eu le temps de dire bonjour !
Merci à William de m’avoir prêté le slogan de Sibsters pour le titre de cet article !
Et voici le dernier album photo : https://www.zaclys.com/On-visite-du-pays,a75,90415
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