Il y a 8 ans, en mai 2012, à la fin de cinquième mois, j’ai eu la chance de signer un contrat à durée indéterminée, en temps-plein, chez mon actuel employeur, une association de la Seine-et-Marne qui accompagne des adultes ayant des lésions cérébrales.
Franchement, c’est le pied, un boulot sympa, le lieu de travail qui est bien détaché du 77, un public à accompagner 5 jours sur 7, un équipe pluridisciplinaire… mouais, il pourrait être bien pire ce job. Je signe volontiers. D’autant plus que cette opportunité est plus que bienvenue, car au début du mois de juillet, à la fin de l’année scolaire des enfants, si aucune rentrée financière n’était assurée, et bien nous retournions en Belgique, sans rien, en abandonnant projets, envies et cadre de vie du Cantal. Car oui, c’est là,dans le 15,que je pouvais bosser, à une heure de route de la maison mais bon, on a déjà eu pire et le taf le vaut bien.
Voilà comment les choses se sont goupillées. Ce fut agréable et salvateur ^^
Maintenant, 8 ans se sont passés et rien n’est immuable.
Le travail est toujours sympa, les collègues ont cependant été remplacés par d’autres dans pas mal de cas, le public est toujours aussi intéressant mais… (et oui vous le sentiez arriver) … mais… TOUT évolue.
Je (et les collègues) vais devoir doucement penser à tracer TOUT ce que je fais avec les résidents, on va devoir tenir la liste de nos actions, et quoi que la direction locale nous dise, ça tend quand même vers une base de travail qui fait furieusement penser à la tarification à l’acte non ?
La structure dans laquelle je bosse est un foyer d’accueil médicalisé de 30 places, la majorité permanentes, d’autres sont temporaires, c’est à dire que nous allons devoir accueillir des personnes venant d’autres structures pour des périodes plus ou moins longues…ça ok, mais particularité, ça va aussi se faire avec des publics éloignés de celui que j’accompagne.
J’ai appris la semaine dernière que les plans départementaux et régionaux qui encadrent mon activité pro, souhaitent aussi accompagner à domicile, ou dans des structures autres que celles existant actuellement et que je pourrais y être détaché…mouais… allez pourquoi pas…
Mais j’ai aussi appris que la structure actuelle comptait nous demander de nous impliquer plus, d’en faire plus, de montrer ce que nous savons faire, vu que nous le faisons bien… mouais… allez ça aussi pourquoi pas…
Mais alors le summum, c’est que tout ce qui nous est demandé, et bien… ça va l’être à moyens constants, cette bonne blague, car voyez-vous, pas possible d’avoir plus de financements bien entendu, on ne rapporte rien nous dans le médico-social. On n’est pas rentables.
‘fin bref, en seulement 8 ans, mon boulot a évoluer, j’ai mal à mon humanité. Suis tellement dans le brouillard qu’en fait j’ai réussi à me détacher de ce que je voulais vous partager avec rage. Je ne le partage plus qu’avec… de la distance.
L’impression de me mentir est là. Et le salariat dans tout ça, j’en fait quoi ? Je veux juste gagner ma croûte ? m’en foutre des gens que j’accompagne ? C’est ça qu’on attend de moi ?
Bon, je vous partage un tout petit malheur à l’échelle de l’humanité, celui de mon ressenti par rapport au boulot. La prochaine fois ça sera un petit partage sur les amours et les sentiments, et dans quelques temps, après 3 ou 4 posts sur divers composantes, je vous présenterai l’état d’esprit du bonhomme derrière le clavier.
si vous le voulez vous pouvez me retrouver sur Mastodon ou Diaspora* . Au plaisir de vous y lire
prenez soin de vous. Vous êtes précieuses
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