Ce qui suit est ma traduction de cette page. Pour en avoir plus sur ce projet de Virgil Dupras vous pouvez lire (en anglais) cette page plus technique, le Github est par ici et la documentation par là. Virgil a aussi une feuille de route pour ce projet.
« Je m'attends à ce que notre chaîne d'approvisionnement mondiale s'effondre avant 2030. Avec cet effondrement, nous ne serons plus en mesure de produire la plupart de nos produits électroniques car ils dépendent d'une chaîne d'approvisionnement très complexe que nous ne serons plus en mesure de réaliser avant des décennies (et peut-être jamais plus ?).
Les progrès rapides que nous avons vus depuis l'avènement de l'électronique se sont produits dans des conditions très spécifiques qui ne seront pas réunies après l'effondrement, donc nous ne pouvons pas espérer être capables d'amorcer une nouvelle technologie électronique aussi rapidement que nous l'avons fait sans un bon « kit de démarrage » pour nous aider à le faire.
L'électronique produit une puissance énorme, une puissance qui donnera des avantages significatifs aux communautés qui parviendront à continuer à la maîtriser. Cela ouvrira la voie à une nouvelle ère de l'électronique de récupération : les pièces ne peuvent plus être fabriquées, mais nous en avons des milliards qui traînent un peu partout. Ceux qui parviendront à créer de nouveaux designs à partir de ces pièces avec des outils de basse technologie disposeront d’un grand pouvoir.
Parmi ces pièces récupérées se trouvent les microcontrôleurs, qui sont particulièrement puissants mais nécessitent des outils complexes (souvent des ordinateurs) pour les programmer. Les ordinateurs, après une vingtaine d'années, tomberont en panne irréparable et nous ne serons plus en mesure de programmer des microcontrôleurs.
Pour éviter ce problème, nous avons besoin d'un système qui puisse être conçu à partir de pièces récupérées et de microcontrôleurs programmables. Nous avons également besoin d’une génération d'ingénieurs qui nous suivront pour pouvoir créer de nouvelles conceptions au lieu d'hériter de machines qu'ils ne pourront pas recréer et à peine entretenir.
C'est là que Collapse OS entre en scène.
Questions ouvertes
Futile ?
Ce projet n'est pertinent que si l'effondrement est d'une certaine ampleur. Un effondrement assez faible rend le projet inutile (juste quelques fabricants qui ferment, quelques guerres ici et là, la faim, la maladie, mais les gens sont néanmoins capables de maintenir les niveaux technologiques actuels). Un effondrement assez important et c'est encore plus inutile (qui a besoin de microcontrôleurs quand on fuit les cannibales ?).
Mais si l'ampleur de l'effondrement est « bonne », alors ce projet changera le cours de notre histoire, ce qui en vaut la peine.
Cette idée est également fragile parce qu'elle n'est peut-être pas réalisable. Il est difficile de prédire les conditions après l'effondrement, de sorte que la partie « autonome » pourrait échouer et s'avérer inutile pour de nombreuses collectivités après l'effondrement.
Néanmoins, cette idée semble trop puissante pour ne pas l'essayer. Et même si cela s'avère futile, c'est très amusant à essayer.
16 ou 32 bits ?
Pourquoi aller jusqu'aux machines 8 bits ? Il y a quelques puces ARM 32 bits qui sont compatibles avec les cartes électroniques anciennes.
Tout d'abord, parce que je pense qu'il y a davantage de puces 8 bits compatibles avec la récupération que de puces 16 bits ou 32 bits compatibles avec la récupération.
Deuxièmement, parce que ces puces seront plus faciles à reproduire dans un fablab après l'effondrement. Le z80 possède 9000 transistors. 9000 ! Comparé aux millions que nous avons dans n'importe quel CPU moderne, ce n'est rien ! Si les premières puces que nous sommes capables de créer après l'effondrement ont un faible nombre de transistors, nous pourrions aussi bien concevoir un système qui fonctionne bien sur des puces plus simples.
Cela dit, rien n'empêche le projet d'inclure la possibilité de programmer une puce ARM ou RISC-V.
L'état de la technique
J'ai passé un peu de temps à faire de l'archéologie logicielle et à voir si quelque chose qui a déjà été fait pourrait être utilisé. Je n'ai trouvé aucun programme open source qui puisse être hébergé sur la machine cible de Collapse OS.
Le CP/M est un candidat sérieux. Son code source a récemment été rendu disponible, mais malheureusement pas sous une licence open source appropriée. Il y a un ticket sur github pour évaluer l'adéquation du CP/M aux objectifs de Collapse OS en plus de détails.
Puis vient l'idée de s'appuyer sur un interpréteur BASIC existant et d'en faire le noyau. Idée intéressante, et l'utilisation de la version modifiée de nascom basic de Grant Searle serait un bon point de départ, mais je vois deux problèmes avec cela. Tout d'abord, l'interprèteur est déjà 8k. C'est beaucoup de choses. Deuxièmement, il est protégé par des droits d'auteur (par Searle et Microsoft) et ne peut passer sous une licence open source.
Bon ben, j'ai peut-être travaillé inutilement, mais j’ai préféré partir de zéro.
Sur quelle base pensez-vous qu'un effondrement de la chaîne d'approvisionnement mondiale est probable d'ici 2030 ?
Tout d'abord, c'est une croyance, pas une connaissance. La science ne peut pas prouver que nous risquons de nous effondrer. La science ne peut pas prouver que nous ne risquons pas de nous effondrer.
Ce qui m'a fait me tourner vers le camp « ouais, on est foutus », c'est Comment tout peut s'effondrer de Pablo Servigne, Éditions du Seuil, 2015. Ce n'est pas parfait, mais c'est un très bon livre d'introduction, bien écrit, agréable à lire (sauf pour le sentiment existentiel de naufrage). Vous pouvez consulter Servigne sur youtube […] Et puis après cette lecture vous mettez le doigt dans l’engrenage…
Cela dit, je ne trouve pas déraisonnable de ne pas croire que l'effondrement est susceptible de se produire d'ici 2030, alors ne vous sentez pas attaqué par mes convictions. »
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