j’attends au bord de la rue que tout le monde soit passé :
la fille de l’air de rien avec son chien et le camion vert des éboueurs
le soleil rasant sur la voiture de l’auto-école qui frôle au passage
un formidable petit déjeuner servi en terrasse pour deux amants fatigués
le vélo jaune et lourd à assistance électrique du facteur
la danse douce de la circulation qui agite en permanence
le rond-point où ne se rencontrent heureusement pas
une grosse moto noire, quatre voitures nerveuses
une trottinette impériale aux trajectoires avantageuses
j’attends encore car ma rue est infinie
je ne sais pas si je comprends
le vertige de la vie des gens
je voudrais que mes journées soient ajournées
perdues mes heures
nue ma rue et vide ma vie
Illustration : Mondrian, Broadway boogie-woogie (1943)
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